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Faut pas croire

Si vous êtes alcoolo-dépendant ou malade alcoolique, il y a certains éléments, des faux positifs ou des vrais négatifs, auxquels on croit, on s'accroche.

On a tout faux.

Les voici en vrac:

  • se dire que les autres ne remarquent rien
    Vous croyez qu'ils ne sentent pas votre haleine chargée malgré l'heure matinale ou le chewing-gum mâché en état d'urgence ? Votre air hagard, votre visage bouffi, vos yeux rougis, vos  paupières lourdes, les cernes marqués sous les yeux ?
    Vous pensez donner le change en parlant à quelqu'un sans enclencher des alarmes dans sa tête à cause de votre voix molle, fatiguée, comme si vous aviez pris des calmants ou que si vous veniez de vous réveiller ou encore parce que vous ne trouvez pas les mots, que l'on ne comprend pas votre discours sans signification ?
    Votre démarche hésitante n'évoque rien pour eux ?
    Vos absences répétées ne sont pas suspectes ?
    Détrompez-vous.
    Voici juste des exemples parmi d'autres en ce qui me concerne:
    Mon ex-compagne m'a demandé le lendemain d'une alcoolisation qui a entraîné une rechute: "Tu as bu hier soir ? Tu sais, je l'ai toujours remarqué".
    On m'a demandé au travail: "Qu'est-ce que tu avais hier ? C'est comme si tu ne me reconnaissais pas".
    Au téléphone, j'ai entendu plusieurs fois mon interlocuteur qui me demandait si j'avais bu ou si j'étais malade ou m'a fait la réflexion de ne pas trop boire...
  • vous pensez pouvoir gérer
    A savoir, vous arrêter après 1 ou 2 verres et passer ensuite au soda, à l'eau minérale ou au café ?
    On parie que le 3ème verre et ses petits frères vont suivre ?
    Tout ça parce que votre corps s'est habitué à une certaine dose d'alcool et tant que vous ne l'aurez pas atteinte vous continuerez à boire.
    Imaginons que vous ayez besoin de 10 verres pour atteindre votre niveau d'ébriété habituel, celui dans lequel vous vous sentez bien et que vous croyez être le maître du monde. Un ou deux verres, ce n'est plus suffisant pour votre corps, il a besoin de davantage d'alcool. Vous n'avez fait que rallumer la chaudière avec ces 2 verres, mais lui il a BESOIN de ces 10 verres, voire davantage.
    Ça s'appelle l'accoutumance.
    Bien sûr, "tout dépend de la taille du verre" me diront les comiques de service. Dans ce cas, je suis d'accord. Mais même après quelques années, ces verres de plusieurs décilitres ne suffiront plus.
  • vous et votre entourage êtes persuadés que ce n'est qu'une question de volonté. Ainsi que 97.238 % des non-alcooliques.
    Punaise ! Si seulement c'était le cas. Mais non, malheureusement pas. Toujours à cause du besoin d'alcool de votre organisme. Le manque d'alcool brutal peut entraîner des symptômes graves comme le delirium tremens ou encore des arythmies, des palpitations, des angoisses, etc.
    Cet état est horrible à vivre, je l'ai connu, parfois dès 3-4h00 du matin. Je me levai à la première heure pour acheter à l'épicerie du coin ma dose d'alcool quand je n'en avais plus à la maison. Ce n'étais pas de la bière mais du rhum ou du cognac de cuisine, je ne cherchais pas le goût mais la quantité d'alcool. C'était pour moi à l'époque le seul moyen de faire passer ces crises.
  • vous arriverez à vous en sortir seul.
    Grave erreur et qui risque d'être lourde de conséquences. A cause du manque subit d'alcool comme décrit ci-dessus. Parce que réduire progressivement votre consommation est illusoire pour la même raison que lorsque vous pensez pouvoir gérer. Si vous êtes habitué aux 10 verres et que vous souhaiterez en boire 9, puis 8 le lendemain, et 7 le surlendemain et ainsi de suite, ça ne marchera pas. Parce que votre corps s'est habitué à cette dose de 10 verres et qu'il en a besoin.
    Les risques sont trop élevés, ne le faites pas !
  • votre médecin ne se doute de rien.
    Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu, c'est ça ?
    Non bien sûr. En cas d'analyse de sang, les marqueurs GGT, CDT, alat, azat parleront d'eux-même...
    Ce sera le moment de lui parler de votre consommation. Et franchement. Mais ça c'est l'objet du billet suivant.